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* DSM : Diagnostic and Statistical Manuel of Mental Disorder Voir l'article Wikipédia en français
Depuis une dizaine d'années, plusieurs enquêtes dénoncent les conflits d'intérêts de certains experts impliqués dans le comité du DSM. Les liens financiers entre ces experts et l'industrie pharmaceutique remettent en cause la validité de ce DSM. Le DSM-5 publié au mois de mai 2013 recense plus de 400 troubles psychiques, dont au moins 250 ne nécessitent pas l'application d'un traitement médical. D'après ces enquêtes, cette imposture concerne un tiers des experts ayant exercé leur activité d'expertises au profit de firmes pharmaceutiques.
Si des conflits d'intérêts financiers peuvent biaiser les résultats d'une étude, il y a tout lieu de croire qu'ils peuvent aussi biaiser les recommandations d'un comité d'experts. Il est avéré que les compagnies pharmaceutiques subventionnent largement les congrès, revues et recherches liés au contenu du DSM, car ce qui y est considéré comme susceptible d'être diagnostiqué a un impact direct sur les ventes des médicaments.
Les revues médicales sont de plus en plus nombreuses à adopter des politiques éditoriales de divulgation de conflit d'intérêt financier. La prise de conscience croissante de l'importance de la transparence dans les publications biomédicales se mesure aussi par le soutien recueilli par ces politiques éditoriales au sein des associations professionnelles.
Depuis le DSM-3 (1980), sa valeur clinique est l'objet de critiques de la part des psychiatres et psychologues cliniciens qui se référent à la psychopathologie psychanalytique. Rejoignant ainsi les critiques virulentes d'Allen Frances ancien rédacteur du DSM-4, Boris Cyrulnik reprend ses arguments sur le fait que pour satisfaire l'industrie pharmaceutique, les experts font du disease mongering*, en recyclant et renommant d'anciennes maladies, ils inventent des maladies douteuses, appelées vaguement « troubles » pour la plupart. Le psychanalyste Jean-François Coudurier considère le DSM comme relevant de la pseudo-science.
* L'expression anglo-saxonne disease mongering désigne de manière péjorative la pratique qui consiste à élargir les descriptions nosographiques des maladies tout en y sensibilisant le grand public afin d'augmenter le marché de certains fournisseurs de traitements contre ces mêmes maladies : compagnies pharmaceutiques, médecins, organisation de consommateurs ou de professionnels etc. Les exemples cités vont de la calvitie masculine à certaines phobies sociales, en passant par les innombrables insatisfactions sexuelles (sans dysfonctionnement avéré).
Alors que l'expression disease mongering signifie littéralement promotion de maladie, ces deux mots anglais pourraient se traduire en français par pathologie clef-en-main, façonnage de maladie ou la Stratégie de Knock.